Histoire de Levallois
L’histoire de Levallois est celle d’une jeune commune de moins de cent cinquante ans. Si l’on cherchait à la qualifier par un terme moderne, on pourrait dire qu’elle a été la première « ville nouvelle » de la région parisienne. En effet, une poignée d’hommes, par la seule force de sa volonté, a transformé en quelques années un territoire de chasse plat et peu giboyeux en une ville active et novatrice dans bien des domaines. La mémoire de cette cité atypique, étonnante et très attachante, réserve la découverte de petites et grandes histoires, symboles d’une cité en constante mutation, refusant les conformismes et l’immobilisme, merveilleusement riche de femmes et d’hommes généreux et entreprenants qui ont su être des précurseurs. Ceux qui ont été les premiers à vouloir vivre et travailler sur ces bords de Seine encore déserts ont été immédiatement soudés par une rare solidarité, due sans aucun doute au sentiment exaltant de vivre en commun une aventure de qualité.
Il était une fois une plaine où nos ancêtres taillaient déjà la pierre selon une méthode très particulière, dite Taille Levallois, troisième stade des techniques de la pierre taillée. Avant-hier, en 1215, l’abbaye de Saint-Denis achetait ce terrain alluvial planté d’excellentes vignes. Hier, à la fin du XVIIIème siècle, on retrouve des terrains en friches avec quelques maraîchers, cinq remises de chasse et deux grandes propriétés seigneuriales, Villiers et la Planchette. Au début du XIXème siècle, dix riches propriétaires possèdent 85 % de la surface de la ville actuelle. En 1822, l’un d’eux, Jean-Jacques Perret, tente une opération de lotissement de soixante terrains sur vingt hectares. C’est ainsi que naît le Champ Perret, qui dépend de la commune déjà constituée de Neuilly, tandis que les propriétés de la Planchette sont, elles, rattachées à la commune voisine de Clichy. Jean-Jacques Perret échoue dans son projet en raison de terrains mal desservis et de parcelles trop grandes, mais un homme saura plus tard tirer les enseignements de cet échec.
En 1845, Etienne Noël, grand propriétaire, confie le lotissement de ses terrains à Nicolas Eugène Levallois, un menuisier devenu bistrotier qui, aidé par le géomètre Rivet, dresse alors les plans d’un futur village en ayant toujours à l’esprit l’expérience malheureuse de Jean-Jacques Perret. Il prospecte des acheteurs éventuels. D’emblée, les plans de Nicolas Levallois prévoient une commune autonome avec de vastes surfaces réservées pour la construction d’une église, d’une mairie et de son jardin, d’équipements scolaires… De ce village, la future ville gardera sa trame particulière, faite de rues perpendiculaires traversant l’ensemble du territoire. La nouveauté des méthodes de vente de Nicolas Levallois séduit les acheteurs, attirés par cette expérience inédite de construction de logements financièrement accessibles, associés à des équipements et à des activités économiques nombreuses.
Rapidement, le Village Levallois est né et officiellement baptisé avec l’aval des conseils municipaux de Clichy et de Neuilly. Les entreprises ne tardent pas à y venir, encouragées par l’ouverture d’une seconde gare de chemin de fer en 1854. Dès 1855, l’église est terminée, la construction des égouts et l’éclairage public bien avancés. En 1858, le marché est ouvert. En 1860, Antonin Raynaud installe l’usine de la célèbre parfumerie Oriza-Legrand, fondée en 1720 par le parfumeur de Louis XV et de Ninon de Lanclos. Un second parfumeur s’installe à son tour, Roger et Gallet. En 1866, la première école est construite. Le Village Levallois est devenu un bourg commerçant avec vingt-sept blanchisseries, cent vingt-six cafetiers ou marchands de vins et quarante-cinq entreprises d’industries diverses.
Le 30 juin 1866, Napoléon III promulgue la loi de création de la commune de Levallois-Perret, prenant effet au 1er janvier 1867. Le premier Maire de la ville, Paul Caillard, est nommé administrativement et c’est en 1871 que Jean-Baptiste Codur sera élu par la population. Eiffel, Buffalo Bill et Blériot. L’année même de la création de la commune, Gustave Eiffel y installe ses ateliers où seront fabriqués tous les éléments qui formeront ensuite la célèbre Tour et la statue de la Liberté. En 1878, l’illustre fabricant de bicyclettes, Clément Bayard, achète un vaste terrain et tous les habitants reprennent à leur compte le défi que le champion cycliste Meyer lance en 1893 à un cavalier, le colonel Cody, mieux connu sous le nom de Buffalo Bill. L’issue de la compétition entre la machine et l’animal est passionnément attendue dans cette cité qui, née avec l’industrie, vit dans le culte de la technique. Les Levalloisiens sont déçus d’assister à la victoire du cheval sur le vélocipède ! Après le vélo, Clément Bayard se lance à Levallois dans la construction de motocyclettes, de voiturettes puis de voitures de compétition et, enfin, de dirigeables et d’avions en série au sein de la plus grande usine au monde ! A son tour, Louis Blériot implante sa nouvelle usine au sein de la ville pour y construire le Blériot XI avec lequel il traverse la Manche en 1909. Cette succession d’entrepreneurs a créée le Made in Levallois…
La première Mairie de Levallois, installée après la création officielle de la commune, se trouve 96 rue de Courcelles (Président Wilson), dans une maison léguée à la commune par Emile Rivay. En 1845, Nicolas Levallois établit les plans d’un Hôtel de Ville qui serait situé sur un terrain de 9 500 mètres carrés appartenant à Manuel Velez. En 1888, Antonin Raynaud, alors Maire, promet de faire don d’une somme d’un million de francs pour l’édification de l’Hôtel de Ville. Le 31 août 1892, sous le mandat de Jean-François Trébois, le Conseil municipal en décide enfin la construction, confiée à Léon Jamin, architecte municipal âgé de 25 ans. Les travaux sont menés rondement. Jean-François Trébois a vu grand, très grand. Cela lui sera reproché et il sera contraint de démissionner. Au soir du dimanche 27 mars 1898, un ballon monte dans le ciel de Levallois. C’est le clou de l’inauguration de l’Hôtel de Ville, présidée par M. Rambaud, Ministre de l’Instruction publique, et le nouveau Maire, Eugène Gilbert, très provisoirement à la tête de la ville car Jean-François Trébois sera réélu. On fait frapper des médailles. Levallois est illuminée par 3 400 lampes réparties dans toute la ville. Un spectacle d’opéra est suivi d’un grand banquet. Les chroniques de l’époque relatent cet événement comme extraordinaire et vantent l’immensité de l’édifice, de style Louis XIV. Il aura fallu trois ans seulement pour édifier ce qui est l’une des plus belles mairies de la région parisienne et qui marque de façon symbolique l’aboutissement du projet conçu par Nicolas Levallois cinquante ans plus tôt : la création d’une ville.
- Nicolas Levallois, l’homme d’une époque, le créateur d’une ville par Jean Bouvet et Isabelle Balkany, 8 euros.
- Levallois Mémoires, l’album de cartes postales anciennes de Levallois, 17 euros.
- Nouvelle édition 2012 Made in Levallois, l’histoire illustrée de toutes celles et ceux qui inventèrent, créèrent, fabriquèrent à Levallois, 10 euros.
- Les Guerres, vivre et survivre à Levallois (1870, 1914 et 1939), 12 euros.
- Les Pionniers de l’aviation à Levallois,12 euros.
- La Grande Jatte, par Monique Lucenet, histoire illustrée de l’île de la Jatte, 35 euros.
Levallois ont été créées à la demande du Préfet le 20 juin 1942. En rouge et or, elles comportent, en haut à droite, un brûle-parfum et, en bas à gauche, une roue dentée d’engrenage. Le brûle-parfum rappelle les nombreuses entreprises liées au parfum qui se sont installées à Levallois dès la création du Village. La roue dentée suggère l’activité des pionniers de l’industrie naissante, généralement ingénieurs, qui ont choisi Levallois comme Gustave Eiffel, Louis Blériot ou André Citroën… Au centre, une bande avec trois abeilles. Sont-elles le symbole impérial de Napoléon III qui a créé la commune ou celui d’un travail fécond et continu dans une ville particulièrement industrieuse ? L’histoire ne le dit pas vraiment, mais les abeilles sont devenues et sont restées l’emblème de Levallois. Les Armes, enfin, sont entourées de palmes, symboles de paix et d’espoir et surmontées de trois tours de donjon. Ces dernières sont le souvenir des fortifications de Paris, mitoyennes de Levallois, détruites en 1918 et dont les portes ont laissé leur nom aux entrées de villes (d’Asnières, de Courcelles et de Champerret).
Gustave Eiffel, dont la tombe est la seule qui ne soit pas dans l’alignement des autres. Elle est en effet tournée vers « sa » tour, dont chacune des pièces fut fabriquée dans ses ateliers levalloisiens. La révolutionnaire Louise Michel, le compositeur Maurice Ravel, la généreuse Marie-Jeanne Bassot, fondatrice de la Résidence sociale, mais aussi Mme Soleil qui connut la notoriété avec ses prévisions radiophoniques et Léon Zitrone, le célèbre journaliste spécialiste du sport et des mariages royaux.